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par: Marie-Pierre Caris - Le Républicain


Depuis le 6 juillet et jusqu’à la fin du mois, la compagnie « Lux in Tenebris » de Jean-Pierre Plazas participe au festival Off d’Avignon. Les Marmandais nous parlent de cette aventure…

En Avignon, le soleil brûle sans discontinuer depuis le début du mois. « Mais nous sommes habités par un feu intérieur qui brûle l’autre feu »: la phrase est de Jean-Pierre Plazas.

Le comédien/metteur-en- scène/professeur de théâtre est parti le 30 juin dernier en terre provençale, avec sa compagnie « Lux in Tenebris ». Objectif? Afficher dans les rues à partir de minuit, ce soir- là. Car pour la seconde année consécutive, Plazas et compagnie participe au festival d’Avignon, le plus grand rassemblement de théâtre du monde. Ils font partie des quelques 600 troupes à s’inscrire dans la grande fête du Off. Et d’après les toutes dernières nouvelles, « c’est formidable, ce qui nous arrive »: Jean-Pierre Plazas est heureux, tout simplement. Fatigué, certes, après presque trois semaines de représentation, « mais nous avons envie de jouer. Et puis, tous les jours, nous avons de beaux retours ». L’aventure avignonnaise, deuxième du nom, paraît se dérouler avec bonheur. Ambiance.

« C’est super! »

En ce mois de juillet, la cité des papes devient un large dédale de rues qui accueillent presque toutes théâtre et comédiens. Au n°2 de la rue d’Amphoux, voici « Le Vieux Balancier » : une salle minuscule dont la vitrine ressemble à une vieille façade de boutique.

Très charmant. La programmation y est de qualité: pensez donc, elle propose chaque jour à 11h non pas une, mais deux pièces de Václav Havel.
Elle avait craqué pour « Audience »  l’an passé; c’est en création que « Pétition »  y est offerte. Jean-Pierre Plazas, le comédien Jean-Philippe Moulinet et la metteur en scène Marie-France Soulagnet n’ont pas hésité à y revenir.

Beaucoup de travail, beaucoup de concentration aussi. Mais quel plaisir! Devant une cinquantaine de spectateurs, chaque jour, Plazas et Moulinet sont parfaits: ambiance lourde pour un texte fort.

Pour la création de « Pétition », Jean-Pierre Plazas nous avait promis qu’il jouerait le rôle d’un immonde salaud: promesse tenue.
Jean-Philippe Moulinet est tout en retenue. Surprise pourtant, le public rit à plusieurs reprises.
« C’est super, avouera, une fois le rideau fermé, Marie-France Soulagnet. Václav Havel lui-même le sait: si on ne rit pas, on étouffe ».

12h: la pièce se termine.

Une ovation pour les comédiens qui enchaînent très vite après le salut: un « grand merci » au public, une petite publicité pour d’autres pièces, et l’invitation à déguster le verre de Duras servi par Marie-France. « Et là, nous pouvons parler avec les gens: cela nous permet de décompresser, et le public aussi ». Beaucoup parlent du gigantesque auteur, d’autres demandent des nouvelles de la compagnie: ils étaient déjà venus voir « Audience » l’an dernier, et n’auraient raté pour rien au monde « Pétition ».

Une sacrée reconnaissance pour les acteurs marmandais qui, depuis le début du festival, ne se dément pas: « Le bouche à oreille fonctionne bien » confie Jean-Pierre Plazas.
La petite salle se remplit et « Pétition » s’élargit… Mais pas question de se relâcher: les deux pièces sont jouées un jour sur deux et jusqu’au 30 juillet, Jean-Pierre Plazas et consorts feront tout pour que leur aventure de cet été 2006 reste un excellent souvenir.

Des journées bien remplies

Le public répond, les échos sont bons: le bonheur de Jean-Pierre Plazas n’est pourtant pas seulement dû au charme d’Avignon. « Oui, c’est sans doute plus facile que l’an dernier. Mais on reste toujours très amoureux du théâtre et cela ne nous empêche pas de faire le travail ».

Ce travail, c’est bien sûr monter sur les planches tous les jours. La journée ne commence pourtant pas à 11h, mais bien avant: à 8h, encore à la fraîche, collage de quelques nouvelles affiches et distribution des premiers tracts; à 9h, mise en place du décor au Vieux Balancier et seconde distribution en suivant; à 12h15, après la représentation, enlèvement des décors (une autre compagnie investira le lieu quelques minutes plus tard); déjeuner, petite sieste indispensable et vers 16h, parade dans les rues, de manière théâtrale bien sûr, les tracts n’étant pas bien loin.

Le soir, on le comprend, pas question d’aller voir d’autres pièces trop tard, mais en fin d’après-midi, « Lux in Tenebris » ne dit pas non…
La fièvre du théâtre ne la quitte jamais.
Le festival Off d’Avignon ferme ses portes le 30 juillet? Les dîners-théâtre de Villefranche-du-Queyran reprennent dès le mois d’août, pour trois week-ends.
Avec, à coup sûr, un petit air de Provence…

Marie-Pierre Caris.

Jean-Philippe Moulinet, Marie-France Soulagnet et Jean-Pierre Plazas ont le sourire devant « Le Vieux Balancier », le théâtre où ils donnent avec succès leurs deux pièces, « Audience » et « Pétition », dans le cadre du festival Off d’Avignon.

Jean-Philippe Moulinet: « Après la représentation, les spectateurs restent et parlent facilement »

Jeudi 27 juillet 2006

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