PLAZAS A L’ASSAUT DE PARIS << retour

par: Thomas Mèneret - Sud Ouest


Le compagnonnage empli de ferveur entre Jean-Pierre Plazas et « Audience » n’en finit pas de s’inventer de nouveaux chemins. Cette pièce, n’en doutons pas, occupera à jamais une place à part dans le panthéon personnel du comédien, et celui de sa compagnie professionnelle, Lux in Tenebris. « Audience » ne fut-elle pas le première création de la troupe, quand celle-ci vit le jour, fin 2001 ? Depuis, Plazas et son complice, Jean-Philippe Moulinet ont porté le verbe puissant de Havel, mis au service de ce huis-clos étouffant et ambiguë, dans bien des lieux : Marmande, Saint-Pardoux du Breuil, Bayonne, Gavaudun et Pamiers (Ariège) pour leur dernière représentation en novembre 2003. Recueillant chaque fois l’adhésion subjuguée d’un auditoire littéralement saisi par ce face à face entre un brasseur décidé à servir le régime autoritaire au pouvoir dans son pays et son employé, un écrivain dissident.
Et voilà que la pièce s’offre aujourd’hui une nouvelle aventure… parisienne ! Pas une aventure d’un soir : un mois de scène, rien que ça, à raison de quatre représentations par semaine au Théo Théâtre (XVe arrondissement). Une opportunité de taille pour Lux in Tenebris, « inespérée » comme dit Jean-Pierre Plazas, dont l’origine remonte au printemps dernier, à la faveur d’un petit coup de fil : « Jean-Philippe Moulinet, mon partenaire, qui fut aussi mon élève, a quitté Marmande l’année dernière, pour tenter sa chance dans les métiers du cinéma et du théâtre à Paris. Il m’appelle et me dit : « Jean-Pierre, j’ai contacté un théâtre, ils font un festival, « Les Bonimenteurs », si on est pris à l’audition, on peut jouer six jours de suite » ». Ni une, ni deux Jean-Pierre Plazas rejoint son camarade.

Coup de main. L’audition a lieu. Les deux hommes délivrent à nouveau « Audience », face à la responsable de la programmation de Théo Théâtre. « C’était particulier sur scène, sans accessoire, sans lumière, avec en plus de ça, un trou terrible en ce qui me concerne… ». Pas de quoi ternir leur prestation pour autant. « A la fin, elle nous dit : « Je ne vous prends pas pour le festival …mais cette pièce me plaît tellement que je vous inscris dans ma programmation durant un mois ! ». C’est la première fois que Lux in Tenebris s’invite dans la capitale. Pas de quoi étourdir Jean-Pierre Plazas, depuis fort longtemps hermétique aux sirènes du parisianisme. « Bien sûr que c’est une chance pour Lux in Tenebris. Ca peut ouvrir des portes… Mais vous savez, les gens ont souvent la mémoire courte. Moi, ce qui me guide dans cette aventure, c’est avant tout le service que je souhaite rendre à mon partenaire, afin de l’aider à se faire remarquer. Et bien évidemment, le pur plaisir de jouer une œuvre superbe. Mais je ne donnerai pas plus, ni moins, parce que c’est Paris. Ma conscience professionnelle m’accompagne partout, que je joue à Paris, ou dans le plus petit trou de campagne ».
Dans quinze jours, Jean-Pierre Plazas quittera Marmande pour Paris. Il retrouvera son complice pour quelques jours de répétition, avant la première, prévue le 6 octobre. Bien décidé à porter haut la flamme de Lux in Tenebris, dans ce face à face remarquable, auquel Paris, prenons en le pari, succombera comme les autres avant elle !

6 septembre 2004

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