Avignon « La Marseillaise  » – juillet 2008 << retour

par: Henri Lépine - non disponible


Doit-on, afin de pouvoir profiter du confort élémentaire, voire des avantages matériels et autres, d’un régime politique totalitaire, accepter de compromettre ses pensées et ses actes pour sinon soutenir, du moins sembler accepter comme définitif et légitime ce régime ? Dans les années 1975, en Tchécoslovaquie, un couple Véra et MickaëI, reçoit un ami, Ferdinand Vanek, auteur
dissident, pour fêter le vernissage de leur nouvel appartement.
Ils ne se contentent pas de le recevoir. Ils vont essayer de le convaincre plus ou moins insidieusement, puis très ouvertement, de s’adapter au nouveau régime politique dont ils semblent
eux-mêmes profiter avantageusement.
Mais, au fil des minutes et des heures, le contact ne s’établit pas vraiment entre eux, Ferdinand restant sur un prudent quant-à-soi… Et la vie de ce couple d’amis se révélant, avec la mise en scène de Marie-France Soulagnet qui en accentue cette dimension, peuplée de tropismes délétères, manifestations de soumission aux besoins, réels ou suscités par I’avidité de possessions de toutes sortes. Dans ce contexte de réal-politique individuelle, les exigences intellectuelles ou morales, l’éthique personnelle et citoyenne n’ont que peu de place.

En 1975, année où il écrivit cette pièce « pour le seul amusement de ses amis » précise-t-il, Václav Havel était interdit par le régime.
Après Pétition et Audience, Vernissage est le troisième élément d’un triptyque sur la situation de l’écrivain ou de I’intellectuel dans une société totalitaire. Au problème éthique posé, I’auteur ne donne aucune réponse, laissant le spectateur à sa réflexion. Mais pour lui, il semble évident que la réponse réside dans la question même. Mise en scène rigoureuse et
haletante et excellente interprétation des trois comédiens.

DSCN0857Pour-Presse-VernissageLa-Marseillaise

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